Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 27 Août 2025
Après les sympathiques Je brûle pour toi et Des détectives au poil, la mangaka noji s'est offert en avril dernier une troisième incursion dans le catalogue boy's love des éditions Hana avec Un air de printemps. De son original "Harudonari" (dont le titre français a un sens assez proche), cette histoire a vu ses six chapitres être initialement prépubliés au Japon en 2020-2021 sur le site comic marginal &h des éditions Futabasha, avant que ceux-ci ne soient compilés là-bas en juin 2021 en un unique volume broché agrémenté d'un petit épilogue exclusif, pour un total d'un petit peu plus de 200 pages.
Cette oeuvre nous immisce auprès de Sôta Sasayama, un étudiant dont la manière de parler est généralement si piquante, si directe et si sèche qu'il fait flipper ses camarades et n'a aucun ami, quand bien même il ne pense pas forcément à mal dans cette façon très naturelle de s'exprimer. Un beau jour, alors qu'il rentre dans le logement qu'il loue après avoir passé les vacances chez ses parents, il a la surprise de constater que madame Natsu, sa propriétaire avec qui il s'entend bien, est absente pour un moment car elle est hospitalisée, et est alors remplacée par son petit-fils Harunosuke, un homme pour le moins un peu particulier: bien que doux et gentil, il est constamment enfermé chez lui pour des raisons qu'il n'avoue pas, semble alors ne pas travailler, paraît souvent paresseux... et, surtout, est une catastrophe ambulante en matière de tâches ménagères. D'abord un peu circonspect face à lui, Sôta accepte quand même sa proposition de désormais s'occuper des tâches ménagères deux fois par semaine à sa place, en échange de la gratuité du logement. Il ne se doute alors pas que, petit à petit, la façon qu'a Harunosuke de répondre à ses piques sans s'offusquer va le bousculer...
Autant le dire tout de suite: si noji va inévitablement développer une histoire d'amour entre ses deux personnages principaux, celle-ci capte en réalité assez peu notre attention, dans la mesure où elle va évoluer très vite et de manière plutôt artificielle dans la deuxième moitié du volume, à partir de l'instant où Sôta se réveille après avoir fait un impromptu rêve érotique sur Harunosuke. Même si la mangaka a toujours pour elle son style graphique aussi doux qu'expressif et capable d'être parfois foisonnant dans certains décors et trames, mieux vaut alors ne pas avoir d'énormes attentes dans le développement et les avancées de la relation amoureuse en elle-même, car qui permettra alors de mieux profiter de ce qui fait le réel charme de l'ouvrage: la personnalité respective des deux héros, et la façon dont cette personnalités permettra à l'autre d'évoluer un peu.
L'autrice joue effectivement assez bien sur le côté très direct voire cassant de Sôta d'un côté, et sur le côté incompétent en tâches ménagères et assez passif de Harunosuke, le tout au gré de quelques petites épreuves comme la brouille qui existe entre Haru et sa grand-mère, le manque de confiance de celui-ci au point de cacher son travail, et le côté handicapant pour Sôta de son franc-parler sur lequel il devra travailler un peu. A partir de là, il y a de quoi prendre plaisir à observer la façon dont Sôta pourra s'adoucir au contact de Harunosuke qui ne juge pas sa manière de parler si piquante, ainsi que la façon dont l'étudiant, précisément grâce à son caractère direct, poussera son nouveau propriétaire à se confronter à ses peurs.
En résulte une lecture tout compte fait sympathique, car derrière le côté très lisse et convenu de l'évolution amoureuse noji propose deux personnages principaux fort bien campés dans leur personnalité respective.
Quant à l'édition française, elle se révèle honnête avec une jaquette qui reste proche de l'originalité japonaise et qui possède un logo-titre assez bien intégré, une première page en couleurs sur papier glacé nous gratifiant d'une jolie illustration, un papier assez souple et suffisamment opaque, une impression très correcte, une traduction claire d'Amandine Martel, et un lettrage assez propre dans l'ensemble.