Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 20 Août 2025
Le catalogue des éditions Noeve est peut-être l’un des plus éclectiques, sans doute l’une des raisons pour lesquelles le lectorat attendait son retour en bonne et due forme. Ainsi, parmi les quelques titres de fantasy disponibles chez l’éditeur, on trouve le 7e Prince, manga lancé en avril 2024 et qui adapte le light novel du même nom écrit par Kenko na Circle et illustré par Meru. Un manga en cours depuis 2020 sur la plateforme Magazine Pocket des éditions Kôdansha au Japon et qui vient d’atteindre le cap des 20 volumes publiés. Son mangaka, Yôsuke Kokuzawa, avait déjà une petite carrière en amont, bien que celle-ci battait de l’aile avec essentiellement des séries courtes parues lors de la décennie 2010. Le 7e Prince est à ce jour son œuvre phare. Cette parution chez nous semble loin d’être anodine puisque le roman d’origine connaît aussi une adaptation animée, lancée l’année dernière, et dont la deuxième saison est actuellement en cours de diffusion.
L’histoire prend place dans le royaume de Saloum, terre où la magie a une importance cruciale. Un homme, passionné par la magie, mais qui en est totalement dépourvu, est mis à mort sur la place publique. À sa grande surprise, il ouvre les yeux dans le corps du nouveau-né de la famille royale : le jeune Lloyd. Les années passent et tandis que le garçon a gardé les connaissances de sa vie antérieure, il dispose aujourd’hui d’un don inné pour la magie, soit tout le contraire de celui qu’il était avant. En tant que 7e héritier actuel de la lignée, le voilà loin d’être prioritaire pour l’accession au trône. Mais qu’importe, car seule la magie importe pour Lloyd, et ce dernier en profite pour approfondir ses connaissances et exercer sa passion.
Avec son pitch à base de réincarnation dans un monde de fantasy où prime la magie, Le 7e Prince ne semble pas sortir du lot de son genre de prime abord. C’est globalement tout le constat que l’on peut faire de ce premier volume, globalement très sympathique et qui se parcourt sans aucun déplaisir, mais qui reste en surface sans chercher à planter de grands enjeux pour le moment. Ainsi, ces premiers épisodes s’attardent sur la passion sans limite du jeune Lloyd pour la magie avec, au passage, quelques péripéties qui oscillent entre la comédie et l’épique. A ce titre, le récit propose un bon mélange en se moquant parfois des concepts classiques du genre, avec un regard quasiment méta par instant, mais en prenant aussi la peine de développer quelques aventures plus musclées et intenses. A ce titre, c’est avant tout le trait de Yôsuke Kokuzawa qui assure le spectacle. Ce dernier a un sens du storyboard épique et un trait précis d’un grand dynamisme, rendant les moments d’action réellement saisissants. Avec ces promesses graphiques, on espère déjà que l’histoire s’orientera vers des moments plus grandioses, ne serait-ce pour permettre à l’auteur de pouvoir laisser parler sa patte.
Pour le reste, on apprécie quand même une mise en place bien rythmée de l’univers, quand bien même ces différents éléments restent de l’ordre du classique. Avec son récit d’origine, Kenkyo na Circle n’a clairement pas inventé la poudre, et on n’aurait pas tort de penser que rien ne distingue réellement l’œuvre d’autres récits actuels de fantasy. Pourtant, il se dégage de cet ensemble une aura bon enfant appréciable tandis que quelques personnages se montrent assez sympathiques. Ce qui manque réellement à ce début d’intrigue, ce sont des promesses qui nous feraient attendre avec un peu plus de palpitations les tomes suivants. Car il y a de quoi créer des enjeux dans cette proposition initiale, que ce soit la famille royale où une éventuelle revanche du héros contre ceux qui lui ont ôté la vie. La mort initiale de ce protagoniste reste d’ailleurs un mystère qu’on aimerait voir éclairci. En attendant, le manga reste de l’ordre de la comédie d’aventure dans un monde fantastique, ce qui peut tout à fait satisfaire en tant que lecture chill. Mais avec un peu plus de consistance, le récit gagnerait clairement en intérêt.
À voir ce qu’il en sera pour la suite, donc. Avec 20 tomes au compteur au Japon, on peut croire que Le 7e Prince saura aller plus loin que sa formule initiale. C’est en tout cas tout le bien qu’on lui souhaite.