Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 27 Août 2025
Chronique 3 :
Au bout d'un deuxième volume particulièrement intense et qui amenait encore beaucoup de choses dans ce début de série aussi particulier qu'intrigant et emballant, Paru Itagaki nous laissait, de façon surprenante puisqu'on ne les attendait pas forcément si tôt, sur les retrouvailles de Fuyumura avec sa précieuse amie Ono, qui était portée disparue depuis plusieurs semaines au point d'avoir même été déclarée morte. Qu'est-il arrivé à la jeune fille pour qu'elle ait été contrainte de disparaître pendant tout ce temps ? La raison est aussi ubuesque que logique dans le cadre de cet univers très original: ayant désormais un physique et des désirs un peu plus adultes, tels qu'il s'en développe normalement à l'adolescence, Ono n'a a priori plus rien d'une enfant et est donc vue comme une cible à abattre par Hifumi Oshibu, le directeur de l'académie qui ne jure que par la jeunesse au point d'avoir tout fait pour lui-même rester physiquement jeune malgré son page de 92 ans. Surgissant dans le dos des deux jeunes filles pour s'en prendre à celle qu'il considère comme une anomalie, le directeur est stoppé dans son élan par Sanda, qui a repris l'apparence de Santa Claus pour protéger Ono...
C'est alors, assez vite dans ce tome, une sorte de duel au sommet qui a lieu entre Sanda et Oshibu, sous les yeux éberlués des deux adolescentes mais aussi d'Amaya, pour un résultat assez captivant. Bien sûr, le dessin tout en mouvement de l'autrice assure une certaine intensité pendant ces quelques dizaines de pages, mais il faut plus encore y retenir les interrogations intérieures de Sanda sur ce que lui permet son corps adulte de Père-Noël, la mise en avant d'un Oshibu qui a abandonné toute humanité pour rester physiquement jeune, et au final l'entrée en scène aussi étonnante que remarquée d'un nouveau personnage en Toyo Tetsudome, la doyenne de l'académie, qui peut éventuellement amuser par son allure digne d'une "petite vieille" de Rumiko Takahashi, mais qui interpelle surtout par son opposition forte à Oshibu autant dans le combat que dans sa façon d'être: contrairement au directeur qui a tout misé sur l'enveloppe charnelle pour rester jeune, cette vieille dame semble elle aussi garder une certaine jeunesse pour une tout autre raison: la conservation de son âme d'enfant.
Les conséquences de ce combat, si elles ne sont pas directes puisqu'il n'y aura sans surprise aucun réel gagnant ni perdant, n'en restent pas moins riches sur le plan de l'évolution des personnages et de leurs relations, entre un Sanda qui affirme son désir de devenir plus fort et plus adulte pour protéger les enfants, un Amaya qui démontre à nouveau sa belle amitié en souhaitant s'éloigner de lui pour qu'Oshibu ne découvre pas son identité, la question de la réintégration d'Ono en classe, et surtout tout le propos qui continue de se développer en toile de fond autour ce qui peut faire un adulte, de l'importance de laisser les enfants grandir librement sans pour autant les forcer à devenir adultes trop vite, du rôle de l'adolescence dans tout ceci... mais à peine a-t-on le temps de digérer toute cette richesse thématique que, déjà, Paru Itagaki emballe de plus belle son récit dans de nouveaux enjeux étonnants et excentriques dont elle a le secret, autour d'une classe d'enfants vraiment à part dans cette école et ayant un cadeau très particulier à demander à notre héros en tant que Père-Noël...
On attendra avec curiosité de voir ce que la mangaka compte faire exactement de cette nouvelle idée peu commune. Et en attendant, son oeuvre, sans être aussi puissante que Beastars pour l'instant, confirme encore ses particularités, ses partis-pris, ses qualités en matière de réflexions de société... Il faut simplement accepter l'excentricité un peu radicale de l'autrice pour rester sans cesse interpellé par ce qu'elle propose, et de notre côté ça fonctionne plutôt bien jusqu'à présent !
Chronique 2 :
Sanda a perdu ses pouvoirs, il ne peut plus se transformer en Père Noël et est donc incapable de lutter contre ses ennemis qui le traquent, notamment le fourbe proviseur!
Shiori de son coté retrouve enfin sa meilleure amie qui avait disparue et celle ci a quelque peu changé...elle a désormais des attributs plus adultes...raison suffisante pour que le proviseur tente de l'éliminer...
Pour le moment le titre ne parvient pas à me séduire...j'avais trouvé le premier opus sympa mais pas aimé le deuxième...l'approche de l'auteur me dérangeait, sans parler de son trait plus que particulier!
Avec ce troisième tome on est dans un entre deux...pas autant séduit qu'avec le premier tome mais pas non plus rebuté comme le précédent! Je vois le potentiel, je comprends ce que l'auteure veut faire passer, mais ça ne marche pas totalement sur moi.
On entame ce tome avec une confrontation; le fait que Sanda ne puisse pas utiliser ses pouvoirs n'aura au final pas duré bien longtemps (et pour le coup cela n'aura pas servi à grand chose)! Mais face à lui on a un proviseur qui cache bien des surprises, ce dernier est plus robot qu'humain! Son corps de cyborg a été grandement modifié et fait de lui une machine à tuer!
Le salut viendra d'une étrange vieille femme qui elle aussi cache bien son jeu. Outre la surprise, on a le sentiment que ce personnage sort tout droit de Ranma 1/2, tant par son design que par ses façons d'être. Il faut reconnaître que c'est amusant et décalé!
La suite conduira Sanda à rencontrer des élèves assassins, laissés de coté... Ici la rencontre va remettre en question les règles édictés dès le départ comme quoi les enfants avaient l'immunité et n'étaient pas sanctionnés pour leurs crimes...dans les faits, ils sont mis au banc de la société et laissé de coté.
La problème ici étant que Paru Itagaki nous dépeint des personnages psychotiques, sans nuances et là encore on peut se demander quel est l"intérêt et ce que ça vient apporter à part des péripéties supplémentaires, mais grandement tirés par les cheveux.
Et là on touche du doigt un des gros problèmes de ce titre: depuis le départ l'auteure nous présente des personnages qui n'ont rien d'attachant et donc que le lecteur n'a pas envie d'investir émotionnellement...autrement dit on se fout un peu de leur devenir...ce qui est quand même problématique quand on doit les suivre sur plusieurs dizaines de tomes...
Un troisième opus en demi teinte, plus intéressant que le deuxième mais dont la magie et la surprise du premier tome ne fonctionne déjà plus.
Il faut peut être encore laissé le bénéfice du doute à Paru Itagaki...mais il faut aussi accepter l'idée que ce n'est pas parce qu'elle nous a offert une masterclass avec Beastars que son titre suivant serait de qualité identique...et on commence à en avoir la preuve!
Chronique 1 :
Après avoir été déclarée morte, Ono est de retour à l’école. Mais celle-ci a changé, surtout son corps, ce qui la rapproche de l’adulte dans cette société où les enfants sont sanctifiés. Pour Hifumi Oshibu, le directeur de l’établissement, rien n’est plus nocif que l’adulte, aussi la sanction qu’il réserve à Ono sera sévère. Ne pouvant accepter cette injustice, Sanda se dresse contre le directeur et se transforme en Père Noël afin de gagner la liberté de sa camarade au terme d’un combat.
Les récents événements peuvent donner l’air que les enjeux de la série sont quasiment résolus. Avec le retour d’Ono et l’affrontement pour sa liberté qui se joue entre Sanda et le directeur Oshibu, la situation initiale du manga est presque résolue. Pourtant, Paru Itagaki sait propulser son histoire bien plus loin avec cet affrontement spectaculaire entre un héros qui découvre toujours un peu plus les possibilités de son nouveau corps et un Oshibu artificiel, aussi fascinant par sa psychologie qu’effrayant pour l’enveloppe charnelle synthétique et digne du monstre de Frankenstein qu’il a su se bâtir.
Au-delà de l’action, c’est tout le message sur l’enfance et l’âge adulte qui continue de retentir dans le récit. On sent que la mangaka a énormément de choses à développer autour de ces phases de l’existence humaine, sur ce que signifie devenir adulte, à quel point il est nécessaire de laisser les enfants vivre leurs vies, le fossé générationnel entre les tranches d’âge… Le propos est puissant et, cette fois, ne laisse pas de place à l’ambiguïté, ce qui le rend plus universel que dans l’opus précédent. Avec Beastars, on savait que Paru Itagaki a bien des messages à partager sur notre société, et Sanda lui permet de réitérer dans une optique différente, mais captivante.
Dans un second temps, alors que l’identité secrète du jeune héros devient l’objectif de l’inquiétant Oshibu, un nouveau pan de scénario s’ouvre autour d’une classe cachée et dangereuse. Tout en développant son univers via des sentiers originaux, la mangaka aborde ses messages sous de nouveaux angles et permet à la quête de Sanda de trouver de nouveaux chemins de concrétisation. On apprécie cette excentricité des idées qui mènent à des réflexions qui s’imbriquent parfaitement dans le récit et l’univers, une marque de fabrique de l’autrice qui fait toujours mouche dans sa seconde série majeure. Avec l’idée d’une classe qui réunit des élèves ayant déjà ôté la vie à des adultes, le récit est à la fois inquiétant et intense, et permet à Sanda de poursuivre sa quête initiatique dans un écueil particulièrement original.
Après trois tomes, on peut confirmer tout le potentiel de l’œuvre de Paru Itagaki et la subtilité du traitement des sujets abordés, le tout couplé à un univers singulier qui cache une réelle densité derrière ses airs loufoques. Sanda nous a plus que convaincus, et on attendra la suite avec hâte.