Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 25 Août 2025
Chronique 3 :
Contre toute attente, Ichie Ono, portée disparue depuis plusieurs semaines, est surprise dans une salle de classe vide par Sanda, Fuyumura et Amaya, avant de s'éclipser de plus belle sans la moindre explication. Alors que le trio reste sous le choc, Sanda, inquiet pur Fuyumura, retient avant tout l'expression de bonheur et le beau sourire que sa camarade affiche, simplement car elle a désormais la certitude que sa si précieuse amie est toujours vivante... Mais alors, pourquoi Ono continue-t-elle ainsi de fuir ? Que cache la louche école aux élèves pour que la jeune fille agisse ainsi ? Pourquoi donc, après ça, le directeur Oshibu s'empresse-t-il d'organiser les funérailles d'Ono au sein même de l'école ? Et pour quelle raison Sanda, à l'heure où il compte détruire les funérailles et souhaite préserver le sourire de Fuyumura en tant que Père-Noël, se retrouve-t-il traqué et menacé de mort ?
Après un premier volume captivant à souhait, arrive un flot considérable de choses et de nouveaux éléments dans ce deuxième volume, peut-être même un peu trop de la part de Paru Itagaki qui multiplie à rythme effréné les événements, quitte à volontiers perdre et décontenancer un peu son lectorat au départ, ce qui va même nous pousser dans cette chronique à éviter d'en dire trop tant la lecture est riche. Et pourtant, cette multitude d'éléments, qui pourraient au premier abord sembler un peu décousue aux yeux d'un lectorat qui ne serait pas assez attentif, finit petit à petit par révéler toute sa substance, car tout se rejoint et/ou nous promet une suite d'autant plus intense et intéressante, et cela malgré quelques facilités d'écriture qu'il est difficile de ne ps souligner (pourquoi Saburo Yagiuda ne dit-il rien sur l'identité du Père-Noël puisque désormais il la connaît ? Comment Fuyumura peut-elle se balader si facilement avec ses explosifs ? )
De ce que l'on peut retenir en vrac sans trop en révéler, il y a essentiellement cette fois-ci une idée qui se dégage, à savoir la place des enfants dans cette société futuriste où, à cause de la dénatalité, tout est fait pour pousser les naissances à redécoller: l'éducation hyper contrôlée, les mariages arrangés dès le plus jeune âge pour forcer la procréation, la vie entièrement planifiée, sont autant de choses qui sont évoquées un peu plus fortement dans ce tome, en impliquant une chose: dans cette vision dystopique de la société, l'adolescence est en quelque sorte effacée, comme si l'on passait directement de l'enfance à l'âge adulte. Dans cette optique, Itagaki ne lésine pas sur les détails soulignant le côté très contrôlé de cette jeunesse: aucune nudité adulte même de statue n'est représentée dans les ouvrages, les toilettes ne sont plus mixtes mais conçus selon qu'on est enfant ou adulte... C'est, alors, comme si tout était fait pour étouffer les choses propres à l'adolescence, à l'image de l'éveil à son propre corps, à l'amour et au sexe. Et là-dessus, plusieurs personnages sont là pour bousculer un peu cet ordre établi: Sanda qui commence à être tiraillé entre ses sentiments adolescents et la nature adulte du Père-Noël qui est en lui, notre chère Fuyumura qui se questionne sur son physique grand et maigre qui ne lui semble aucunement féminin, le nouveau personnage de Nico Kazao qui sème déjà quelque peu la zizanie en tant que fiancée attirée de notre héros, et bien sûr Ono elle-même dont on découvre mieux la situation dans une fin de volume qui, en prime, nous laisse sur un certain cliffhanger.
Derrière le côté faussement bordélique des nombreux éléments racontés par Paru Itagaki, et malgré les petites facilités évoquées plus haut, on a donc en réalité un volume bien pensé sitôt qu'on fait l'effort de bien le suivre, et surtout très riche dans ses sujets que l'on ne demande qu'à voir encore approfondis. On n'en attendait pas moins de la part de l'autrice du prodigieux Beastars, qui aime nous dérouter un peu mais qui semble très bien savoir ce qu'elle souhaite raconter.
Chronique 2 :
C'est un véritable choc pour Sanda de découvrir qu'il est le descendant du Père Noël et qu'il possède ses incroyables pouvoirs lorsqu'il se transforme! Mais sa mission sera d'autant plus compliquée dans un monde où plus personne ne croit en lui, où les enfants sont vu comme une ressource et où la vie a perdu toute valeur!
Shiori, sa camarade de classe croit pourtant en lui, elle a besoin de lui et de ses pouvoirs pour l'aider à retrouver une amie disparue. Mais le directeur de l'établissement où ils vivent semble vouloir leur mettre des bâtons dans les roues.
Malgré un style graphique très particulier (voire discutable), le premier tome s'était montré saisissant et séduisant et m'avait laissé une belle impression...mais c'est beaucoup plus compliqué pour ce deuxième opus...plus dérangeant!
Paru Itagaki développe encore son univers dans ce tome avec l'apparition d'une société secrète qui traque le Père Noël...rien que ça, il faut reconnaître que c'est une sacrée trouvaille: les "chemises rouges", portant tous sur leur bras un tatouage en forme de feuille de houx! Les symboles sont évidents mais brillamment trouvés.
Et si l'auteure nous dépeint un monde où a jeunesse est portée aux nues elle nous rappelle ici que rien ne vaut l'expérience en introduisant une personnage ambivalent de mercenaire presque cinquantenaire, aussi détaché qu'attachant, qui ne pense pas à mal mais veut juste faire travail efficacement.
Paru Itagaki va aussi longuement s'intéresser aux questions adolescentes, le rapport au corps, les premiers émois, le désir sexuel, l'intellectualisation, la recherche de sensations...des points importants, presque inévitables si on veut situer son récit dans un lycée et approfondir correctement ses personnages. Elle sait le faire et l'a fait à merveille dans Beastars...titre qui est postérieur à Sanda rappelons le...
Qu'est ce qui a pu me poser problème dans ce tome dans ce cas? Justement le traitement un peu lourd, voire parfois un peu malsain lié à toutes ces questions!
Sanda qui est fier d'avoir une grosse b!%e et l'expose en plein combat...en quoi c'est drôle? Le fait que Sanda puisse avoir des sentiments pour Shiori est évident, mais nous montrer un vieillard (avec une grosse b!%e rappelons le) qui commence à éprouver du désir pour une adolescente, c'est plus problématique! Cette insistance avec lourdeur sur la nudité et faire du Père Noël un héros parce qu'il débarque nu pendant un discours (toujours en exposant sa grosse...vous avez compris)...c'est d'une lourdeur sans nom, voire même dérangeant!
Est ce pour cela que je me suis plus focalisé sur les défauts que dans le premier opus? C'est fort possible. Mais j'ai trouvé la mise en scène assez confuse, et surtout le dessin...je le trouve immonde! C'est fort, mais franchement, autant je trouvais son approche anthropomorphique des personnages de Beastars vraiment pertinentes, autant dans ce titre je trouve le trait dégueulasse !
Un premier tome qui me séduit, un deuxième qui me pose problème...il faudra donc attendre le troisième pour trancher!
Chronique 1 :
Contre toute attente, Ono réapparaît face à Sanda et son groupe. Alors que la bande se lance à sa poursuite, le collège est sur le point de célébrer les funérailles de l’adolescence, pourtant vivante ! Oshibu, le directeur de l’établissement, choisit ce moment pour faire appel à l’Unité spéciale des Chemises Rouges, un commando voué à retrouver le Père-Noel… et à s’en débarrasser.
Passé la très bonne introduction constituée par le premier volume, on attendait de voir ce que ‘Sanda’ pouvait avoir dans le ventre sur la durée. Après quelques concepts assez saugrenus couplés à la patte de Paru Itagaki qui, sur des personnages humains, se dote d’un cachet unique, la mangaka nous présente plus en détail son univers et ses thématiques. Le moins que l’on puisse dire est que, là aussi, l’artiste ne fait pas dans le conventionnel.
La surprise de fin du premier tome sert d’élément déclencheur aux diverses péripéties de cette suite. Les rebondissements sont d’ailleurs légion, preuve du sens du rythme que l’autrice n’a pas perdu depuis ‘Beastars’. Aux mécaniques déjà plantées dans l’opus précédent s’ajoutent de nouvelles idées particulièrement intéressantes dans cette optique de bâtir un univers autour de l’enfance et du Père-Noel. C’est là que la mangaka joue ses nouveaux atouts et prend de considérables risques en termes d’écriture.
Car dans ce deuxième volet, on retrouve le goût d’Itagaki à développer ses personnages tout en jouant sur une sorte de limite morale. Pour cela, elle met au premier plan la thématique de l’enfance et la condition de ses personnages, des adolescents qui peuvent se chercher, tout en implantant de nouveaux concepts en lien avec cette dystopie quasi puritaine où l’enfance est sacralisée, et où le développement de ces jeunes pousses se fait selon des règles de l’ordre du surnaturel. Les grands éléments de ce volume se complètent avec du sens, et c’est là toute la force d’un récit intelligemment penser, bien que certaines séquences peuvent faire tiquer. Il faut dire que Paru Itagaki a parfois un humour bien à elle et que quelques échanges flirtent avec une certaine ligne rouge. Mais sans faire une quelconque apologie, la mangaka joue plutôt sur ces éléments pour rendre complexe ses protagonistes, à commencer par un Sanda perdu par sa propre nature, celle d’un adolescent dans la fleur de l’âge qui se retrouve parfois dans un corps d’adulte, à endosser un fardeau d’adulte. C’est sur la longueur qu’on pourra juger le récit et l’autrice vis-à-vis de ces idées, mais le rendu est, pour l’heure, passionnant.
Pour ces raisons, le tome 2 de ‘Sanda’ fait véritablement décoller le récit en plus de fourmiller d’idées intéressantes, certes parfois perturbantes, mais qui nourrissent l’envie de la mangaka de raconter un conte sur l’enfance à sa propre sauce. Il y a clairement de quoi avoir hâte de lire la suite !