Qui a vu le paon danser ? Vol.1 : Critiques

Kujaku no dance, dare ga mita?

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 28 Août 2025

Quelques mois après la conclusion du très bon Burn the House Down, le catalogue shôjo des éditions Akata accueille en cette fin août un nouveau polar avec Qui a vu le paon danser ?, un manga lui aussi issu du magazine Kiss des éditions Kôdansha, et ayant pu faire parler de lui ces derniers temps puisque son adaptation en série live a été diffusée en début d'année au Japon mais aussi à l'international (dont la France) sur Netflix. De son nom original "Kujaku no Dance, Dare ga Mita?" (dont le titre français est une traduction littérale), cette oeuvre en sept volumes a été conçue entre 2022 et début 2025 par Rito Asami, mangaka dont c'est la première publication française et la deuxième série eu Japon.

Cette histoire nous immisce auprès de Komugi Yamashita, jeune femme de 21 ans a priori sans histoire, si ce n'est le fait que sa mère est décédée quand elle était petite et qu'elle a alors été soigneusement élevée par son père Haruo, 65 ans, policier à la retraite. Aujourd'hui encore, Komugi reste très proche de son bienveillant papa, qu'elle retrouve une fois par semaine pour manger des nouilles dans la gargote où ils ont leurs habitudes depuis des années. C'est d'ailleurs là-bas que père et fille passent tranquillement le soir de Noël, avant que Komugi ne parte au cinéma. Seulement, en sortant de la séance, en attendant son père censé venir la chercher la jeune femme constate qu'il a énormément de retard, finit par rentrer à pieds et découvre alors une scène tragique: la maison de Haruo est en flammes, et à l'intérieur on finit par retrouver son cadavre... Rapidement, l'enquête menée par l'inspecteur Akazawa révèle que le coupable pyromane est un certain Tomoya Endô, jeune homme instable qui aurait fait ça pour venger son père, arrêté par Akazawa et Haruo et condamné à mort une vingtaine d'années auparavant pour le meurtre sadique et atroce de toute une famille à Higashi-Kayama. L'affaire aurait pu s'arrêter là, et Komugi aurait pu faire difficilement mais petit à petit son deuil, tout en supportant notamment l'hypocrisie de sa tante qui met vite la main sur l'assurance-vie de Haruo. Pourtant, c'est un tout autre destin qui attend Komugi, quand le gérant de la gargote de nouilles lui remet un surprenant paquet de son père. A l'intérieur, trois millions de yens en billets, ainsi qu'une lettre affirmant que s'il est retrouvé mort c'est qu'il a été assassiné, mais certainement pas par Tomoya Endô...

Vous l'aurez compris: c'est une quête de vérité et de justice qui attend alors Komugi, à la fois pour découvrir qui a réellement tué son père, pour comprendre pourquoi il a été assassiné, mais aussi pour essayer de laver de tout soupçon (s'il s'avérait qu'il est vraiment innocent) Tomoya Endô qui a bien vite été présenté comme le coupable tout désigné au vu de ses antécédents. Pour cela, Komugi va rapidement se retrouver entourée d'un certain nombre de personnes comme Yoshiteru Matsukaze, un avocat conseillé par Haruo dans sa lettre alors même qu'il n'a curieusement aucune affaire retentissante à son actif et qu'il ne connaissait même pas le défunt (et du coup une question se pose: pourquoi lui ? ), l'inspecteur Akazawa qui eut une longue carrière commune avec Haruo, la policière Minori Sawatani qui a été une collègue et disciple du défunt, l'intrigant journaliste Takashi Kamii dont les motivations restent pour l'instant assez opaques, ainsi que quelques autres figures rapidement entraperçues et qui devraient sans doute gagner en importance plus tard. Tandis que ce casting se met soigneusement en place, une question nous vient naturellement à l'esprit: à qui Komugi pourra-t-elle faire pleinement confiance dans cette affaire, et de qui devra-t-elle se méfier ? Car si son père a été assassiné et que son meurtre a été mis sur le dos d'un autre suite à une enquête somme toute très rapide de la police, tout porte alors à croire que la vérité cache bien des manipulations, machinations et autres secrets. Secrets qui, à première vue, devraient même concerner l'affaire de meurtres ayant touché Higashi-Kayama une vingtaine d'année plus tôt, et même le propre père de notre héroïne qui contenait peut-être en lui certains tourments...

Tout est alors bien en place pour un polar qui s'annonce très prenant, d'autant plus que cette phase d'installation compte déjà aussi plusieurs autres qualités: un dessin très soigné et expressif pour accompagner efficacement les choses, une volonté de réalisme de la part de la mangaka qui s'est entourée d'un consultant juridique et d'un consultant policier pour la superviser, et surtout la figure-même de Komugi, une héroïne qui ne manque déjà pas d'être attachante. Car elle a beau être forcément un peu perdue au départ dans tout ça, et devoir faire peu à peu son deuil d'un père dont elle se souvient avec une mélancolie et une émotion bien dosées, Komugi affiche un désir de vérité et de justice bien palpables, au point de ne pas hésiter à montrer du caractère et à prendre des initiatives. Gageons que cette jeune femme sera captivante à suivre !

Au bout du compte, tout est là pour faire de ce premier volume une réussite en termes de mise en place, d'enjeux et d'immersion. Qui a vu le paon danser ? démarre de manière très prometteuse, et devrait sans nul doute nous réserver son lot de rebondissements et de révélations que l'on suivra avec intérêt dans les tomes à venir.

Et côté édition française, c'est du tout bon pour Akata: la jaquette reste fidèle à l'originale nippone tout en se parant d'un logo-titre soigneusement pensé par Tom "spAde" Bertrand, le papier est à la fois assez épais, souple et suffisamment opaque, l'impression est très propre, le lettrage de Raf. est soigné, et la traduction de Constant Voisin s'avère à la fois claire et très naturelle dans le parler des personnages.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
🚫 Bloqueur de pub détecté!
Merci de le désactiver pour soutenir notre contenu gratuit.