NECROPHILIS Omnibus - Edition Prestige : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 19 Août 2025

Chronique 2 :


Très actives en cette année 2025 pour le plus grand bonheur des fans de hentai, les éditions Hot Manga ont lancé cet été leur collection doujinshi, vouée à accueillir, comme son nom l'indique, des mangas X généralement assez courts et conçus par divers auteurs à titre amateur, le tout dans un très grand format fidèle à ce type de production. Et en guise de mangaka inaugurant cette collection, l'éditeur s'est penché sur le travail d'Ohagi San, artiste qui avait su charmer un petit paquet de monde en 2019 avec Elven Bride, titre qui fut à l'époque le tout premier à être proposé en version deluxe par Hot Manga. Ainsi, ce sont trois ouvrages amateurs de cet auteur qui sont arrivés dans notre langue en cette période estivale. Et après être revenus sur le charmant Elven Bride ReBridal et sur l'exquis The Crucifixion of Succura, penchons-nous aujourd'hui sur la plus copieuse de ces trois sorties: Necrophilis, un omnibus que l'artiste a sorti en 2020 au sein du cercle amateur 70 Nenshiki Yûkyû Kikan dont il fait partie, et qui regroupe, sur environ 160 pages, pas moins de cinq histoires de longueurs variables, qui furent initialement vendues à l'unité en conventions entre août 2016 et décembre 2019, et dont les trois premières sont entièrement en couleurs, le tout agrémenté en fin de livre quelques illustrations des principaux personnages de chaque récit.

Un jeune homme héritant du manoir de son aïeul regorgeant d'automates ayant autrefois servi à la guerre, aujourd'hui mis hors service, et parmi lesquels il va découvrir une intruse dont il pourra copieusement profiter. en s'imposant comme le nouveau maître des lieux. Un chasseur de vampires oriental, potentiel dernier humain vivant sur Terre, qui va aller de surprise en surprise en prenant la direction de l'Ouest. Un homme qui, après dix ans d'absence, revient dans le manoir de son défunt grand-père où il était autrefois tombé sous le charme d'une des poupées de sa collection, et qui risque d'y vivre une véritable transe entre rêve et réalité après inhalé de l'encense acheté dans une fumerie d'opium. Un officier de marine dont la dernière escale avant la mort sera une légendaire et paradisiaque île peuplée de ravissantes créatures pas vraiment humaines. Et un jeune maître de maison aux traits efféminés qui va découvrir toutes sortes de plaisirs avec les domestiques de la demeure.

Si, avec Elven Bride, Elven Bride ReBridal et The Crucifixion of Succura, Ohagi San a déjà démontré son aisance dans le registre de la pure fantasy avec son lot d'elfes, de succubes et de sorcières, ici l'auteur se montre tout aussi doué dans l'art de se réapproprier des versions fantasmées et surnaturelles de notre réalité, et cela en puisant ses influences dans différents registres pour proposer des cadres ravissants et immersifs. Ainsi passera-t-on de l'ère anglaise victorienne, fortement teintée de steampunk ou non, et avec ou sans soubrettes typiques de l'époque, au mythe du vampire revisité à la sauce érotique, en passant par de très, très nombreuses (majoritaires, à vrai dire) inspiration issues de Chine et qui vont des poupées chinoises aux créatures folkloriques de ce pays, sans oublier des espaces emblématiques comme les fumeries d'opium.

Ces nombreuses influences se révèlent être un véritable terreau fertile à l'imaginaire de l'auteur qui, dès lors, met à profit toutes ses facultés de dessinateur. Bien sûr, l'érotisme explicite est constamment de mise, sous différents aspects, à travers les poupées mécaniques, les vampires et autres morts-vivants, les êtres célestes et les soubrettes qui ont toutes leur charme propre et deviennent des figures de fantasmes divers, d'autant que les personnages s'ébattent dans des contextes très variés, tantôt doux et complices tantôt plus brutaux et marqués par les impulsions du moment. Mais au-delà du sexe en lui-même, on préfère encore plus retenir toute l'esthétique folle développée par le dessinateur: ses décors steampunk, victoriens ou plus surnaturels très travaillés, ses silhouettes féminines à la fois généreuses et élancées qui sont souvent magnifiées par les vêtements et les lingeries (mention spéciale à la souplesse des jambes de nombre de ces figures fantasmées), sa gestion des couleurs où les différentes teintes plus ou moins prononcées participent bien aux ambiances, les changements d'ambiance où le raffinement, la sensualité, la brutalité, l'humour et même le drame (surtout dans certaines conclusion douces-amères) peuvent se côtoyer, sa déconstruction des planches où l'on n'a quasiment jamais une délimitation bien stricte des cases... Dans tout ça, seules certaines transitions dans les séquences pèchent un peu, puisque certaines réactions de personnages semblent par moments passer du coq à l'âne.

Il y a, alors, de quoi ressortir ravi par cette expérience érotique et esthétique aboutie, qui ne fait que confirmer que cet auteur a un véritable talent dépassant le simple cadre du hentai, et qu nous font dire que les éditions Hot Manga ont bien raison de continuer à mieux nous faire découvrir sa bibliographie... qui plus est dans une telle qualité éditoriale ! Car avec son très grand format, son excellente impression sur un papier glacé bien opaque, sa grande majorité de pages en couleurs (quasiment les trois quarts de l'ouvrage ! ), sa belle jaquette épaisse et rehaussée d'une dorure sur le logo-titre, sa couverture elle aussi en couleurs sous la jaquette, son lettrage soigné de Florian Morala et sa traduction convaincante de Romatik, l'album n'a aucunement volé son prix de 16,95€.



Chronique 1 :


Cet été 2025 marque bel et bien le retour de Ohagi San dans nos contrées. Après l’avoir connu sous le nom Okito Endô avec l’émoustillant Elven Bride, le mangaka spécialisé dans le hentai nous parvient une nouvelle fois aux éditions Hot Manga, via différents ouvrages qui innovent les formats de la maison. Outre les doujinshis Elven Bride : ReBridal et The Crucifixion of Succura, l’éditeur aborde un format prestige encore plus imposant que fut la deluxe de Elven Bride, afin de mettre à l’honneur des artistes à la patte marquée. Justement, Ohagi San est un auteur qu’on apprécie pour son style des plus dense, et le retrouver dans un si bel écrin est particulièrement alléchant.

Initialement publié au Japon en 2020 avec son cercle d’auteurs 70 Nenshiki Yûkyû Kikan, Necrophilis est un omnibus qui compile cinq histoires initialement dessinées et vendues pour les conventions. Cinq histoires dans lesquelles l’artiste pousse son goût des récits cochons dans des univers qui lui sont propres et par des codes qui lui sont familiers. Trois des histoires sont intégralement en couleur, ce qui justifie totalement une sortie dans ce format prestige (sur lequel nous reviendrons en fin de chronique).

Sur ces cinq récits, notre monde contemporain et le factuel n’ont que peu de place. Tout comme il imaginait des relations teintées de fantasy dans Elven Bride, Ohagi San aborde des folklores divers, à base de poupées mécaniques, vampires et harems orientaux, dans des registres qui flirtent entre l’historique et le fantastique. Des mondes que l’auteur aime développer graphiquement, aussi les premières pages du « Boudoir de Coppélia », la première histoire du recueil, nous subjuguent par des esthétiques steampunk et victoriennes qui n’ont rien à envier à celles de Kuroimori, mangaka experte dans ces visuels. Nos premières expériences ne nous ont donc pas trompés. Les mangas coquins de Ohagi San sont pour lui de vrais terrains d’expérimentations pour décortiquer son approche du hentai, permettant au lecteur de se rassasier aussi bien des rapports fougueux entre personnages que des ambiances liées aux univers et aux esthétiques déployés.

À travers ces histoires, le mangaka présence les rencontre entre une poignée de protagonistes masculins, aux prises avec différentes figures de la fiction fantastique, voie de l’historique. Des poupées mécaniques, comme on en parlait précédemment, voire même une jeune vierge qui sert d’appareil reproductif à une vampire qui demande du sang humain pour se rassasier éternellement. Des relations souvent bien piquées, marquées par les libidos extrêmes des uns et des autres, dans lesquelles s’intègrent tantôt une pointe de lyrisme littéraire, tantôt une forme de comédie, et tantôt un drame qui peut se montrer très touchant le temps de quelques cases. De manière générale, pour la plupart des récits, on observe des chutes sur les dernières pages qui font basculer l’ambiance, le propos, ou alors le traitement des protagonistes. On sent bien que Ohagi San n’est pas fermé dans une seule approche du hentai mais aborde ses intrigues sous des angles propices selon le cadre ou le scénario déployé, voire selon l’époque historique dont il s’inspire. Outre son caractère émoustillant, Necrophilis est un ouvrage capable de surprendre à son échelle.

Mais si l’auteur est quelqu’un qui renouvelle ses approches du genre, il reste fidèle à certaines mécaniques et quelques fantasmes particulièrement liés à la maternité. Ainsi, on retrouve une fétichisation de la fécondation dans presque toutes les histoires, quelque chose de très particulier dont il semble avoir conscience puisque les différentes tirades autour de l’accouplement et des appareils reproducteurs donnent des échanges délicieusement absurdes par moment. Pourtant, là aussi, il sait adapter ses fantasmes aux orientations de ses histoires, de manière à ce que ces situations reproductives débouchent, parfois, sur des finalités surprenantes et douces-amères. Que l’ont adhère ou non à ces kinks, on reconnaît que Ohagi San sait les manier pour donner de la consistance à ses intrigues.

Par cette densité et le délice de la patte de son auteur, Necrophilis est un ouvrage qui se présente comme un indispensable pour les fans du genre. Un plaisir graphique appuyé par l’édition Prestige qui cumule un grand format à un papier brillant qui permet d’apprécier les récits en couleur d’Ohagi San, une couleur qui apporte énormément aux ambiances grâce à ses tons chauds. L’ouvrage profite aussi d’un joli travail sur la couverture, que ce soit pour le papier mat qui cumule dorure à chaud et vernis sur ses éléments textuels. Hot Manga a clairement choyé le retour de l’auteur dans son catalogue, et ça se sent. On ne peut qu’espérer que d’autres ouvrages aient droit à un traitement similaire.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
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