Croisade des innocents (la) Vol.3 : Critiques

Innocents Shônen Jûjigun

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 19 Septembre 2025

Riche de plus de 300 pages, ce troisième et dernier volume s'ouvre sur des premières pages funestes: sous un arbre en bord de mer, un vieillard écrit et se confesse sur la tragédie dont il fut l'initiateur: celle de la Croisade des enfants dont, 70 ans plus tôt, il fut l'unique survivant, ces pages ne laissant d'emblée plus la moindre bribe d'espoir quant au sort qui attend tous les autres jeunes héros de la série.

Il ne reste alors plus qu'à voir ce qui mènera chacun d'eux à leur perte, au moment de reprendre l'histoire là où nous l'avions laissée, c'est-à-dire au moment dramatique où Henri, perdu, tue Marc, puis regrette immédiatement son geste. Il ne s'agit là que du prélude à des événements toujours plus cruels, toujours plus violents, où nos jeunes héros seront déchirés entre d'un côté les machinations du templier Hugo pour s'enrichir toujours plus sur leur dos et profiter d'eux, et de l'autre côté la folie de l'Inquisition menée par Godefroy et prête à massacrer sans autre forme de procès quiconque sera un minimum supposé hérétique.

Evidemment, les premières pages, en brisant définitivement tout suspense quant à la survie ou non des tout jeunes croisés, permet de se concentrer de plus belle sur ce qui va précipiter leur mort: leurs rêves d'être d'héroïques chevaliers, leurs croyances liées à la religion, ainsi que leurs espoirs personnels, sont autant de choses qui se retrouvent brisées face aux vices et ambitions des adultes, mais aussi face à la réalité de leur époque où beaucoup de choses étaient bien moins acceptées qu'aujourd'hui. Comme toujours sans concession dans ses planches, et même encore plus violent pour souligner de plus belle la folie et la cruauté de ce monde, Usamaru Furuya a alors l'occasion de continuer de se réapproprier à sa sauce cette facette de l'Histoire pour offrir un portrait au vitriol de tout ce que l'homme peut commettre de pire: guerres, manipulations à des fins égoïstes, esclavagisme, pauvreté, corruption de l'Eglise et des croyances, obscurantisme, discrimination des gens sortant des normes (homosexuels, malades, prostituées, personnes qui ne croient pas "comme il faut")... les plus terribles moments étant peut-être ceux où les enfants eux-mêmes se retrouvent contraints d'être fautifs à cause des diktats de leur époque, à l'image de ce que Christian finit par faire en ne pouvant pas vivre librement ses sentiments, ou de tout ce que Michaël commet dans l'espoir d'attirer l'attention d'un père qui se fiche royalement de lui.

Tragique, éprouvante, brutale et très critique, La Croisade des Innocents fait alors assurément partie de ces lectures dont on ne sort pas indemnes, et est sans aucun doute l'une des pièces maîtresses de la carrière de Furuya, de par ses ambitions, ses sujets forts et sa maîtrise graphique.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18.5 20
Note de la rédaction
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